
Sées, le 26 novembre 2020.
Chers diocésains,
La décision est tombée ce jeudi 26 novembre : la jauge de 30 personnes pour la célébration publique de la messe est maintenue.
A la déception réelle s’adjoint une incompréhension totale. Je n’ai jamais sous-estimé la gravité de la crise sanitaire qui nous touche et je fais crédit à ceux qui nous gouvernent de faire au mieux pour sauver des vies. Mais un tel entêtement est inexplicable et injustifiable.
La proposition des évêques de France est claire : que le nombre des personnes rassemblées dans une église soit proportionné à sa surface. Avec un tel calcul, très simple, nous pouvons arriver dans beaucoup d’églises à des assemblées de 150 à 200 fidèles.
Derrière un tel aveuglement se cache hélas une autre réalité, plus grave : toute considération spirituelle ou religieuse est vraiment considérée comme une chose de peu d’importance. Il faut que nous prenions la mesure de ce constat. Il est inquiétant pour la bonne santé de notre société, il n’est pas totalement nouveau !
La question se pose : que devons-nous faire ?
Il est difficile de répondre à cette question étant donné que de nouvelles négociations se dérouleront dès dimanche soir. Je redis que dans ce domaine, la collégialité épiscopale est une bonne chose. Il est précieux que les évêques de France négocient avec le gouvernement d’une même voix. Attendons donc les résultats de cette nouvelle rencontre.
En ce qui concerne le premier dimanche de l’Avent, les 28 et 29 novembre prochains. La mesure qui vient de tomber (30 personnes par église) est quasi inapplicable. Je vous indique ici quelques grands principes pour aider à votre discernement. J’invite aussi chacun à la responsabilité. Dans le respect de la loi qui s’impose, que le souci du bien commun et la charité sans laquelle nous ne sommes rien (1 Co 13, 2) inspirent nos comportements.
- Les prêtres sont invités à multiplier les messes. Je leur demande néanmoins de ne pas célébrer plus de trois messes ce dimanche. Cela pose la question de la répartition des personnes à l’occasion de chacune de ces messes. Avec vos pasteurs, soyez inventifs dans ce domaine.
- Que ceux qui iront à ces messes proposent, notamment aux plus fragiles et aux plus isolés,de recevoir la communion à domicile.
- La possibilité d’aller prier dans les églises auprès du Saint Sacrement reste une grâce à laquelle il faut venir puiser.
- J’invite aussi les fidèles à participer à la messe en semaine.
Nous aspirons tous au retour à « la vie normale ». Elle n’est sans doute pas pour demain ! L’évangile de ce dimanche est d’une actualité étonnante, il est question de la rencontre avec le Christ : Il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez !
Alors que je me prépare à quitter le diocèse, les conditions sont vraiment compliquées. Croyez que je le regrette profondément et que ma prière vous accompagne tous.
Que le Seigneur vous bénisse. Dans l’espérance.
+ Jacques Habert,
Évêque administrateur de Séez.

Lettre de Mgr Jacques Habert aux diocésains de Séez, en cette rentrée pastorale 2020/21, sur le sujet bioéthique :

"Si la communion « physique » n’est plus possible, la communion dans la prière reste, elle, non seulement possible mais absolument indispensable." (Mgr Habert)

Vous le savez, avec tristesse, les petites Soeurs de sainte Thérèse ont annoncé cet été 2019 leur départ. Après un temps de recherche dans la prière, Mgr Habert a la joie de vous annoncer l’arrivée d’une nouvelle communauté brésilienne pour l’animation du sanctuaire :

Sées, le 27 septembre
Bioéthique
Le projet de loi de bioéthique a commencé à être discuté le 24 septembre dernier à l’Assemblée Nationale. Non seulement cet évènement ne doit pas nous laisser indifférents, mais bien plus, il nous concerne tous. Il concerne surtout les générations à venir.
En amont de cette échéance, les évêques de France ont organisé le 16 septembre un colloque aux Bernardins. Les interventions de trois évêques, mais aussi de fidèles laïcs, dont un couple, ont ainsi contribué à continuer d’éclairer les consciences. Un des traits importants de ces prises de parole fut le grand respect manifesté envers tous et la prise en considération des souffrances engendrées par les problématiques en cause. Ne les oublions jamais.
Cette parole manifestait en même temps la claire opposition de l’Eglise à ce projet. Il ne comporte pas seulement des dispositions sur la P.M.A. mais il aborde également d’autres questions fondamentales : la remise en cause de la filiation, la manipulation de l’embryon ou la marchandisation du corps humain.
La position des évêques est résumée dans un petit opuscule : « Quel monde voulons-nous ? Discerner des enjeux d’humanité »[i] que je vous invite à lire. Cette réflexion nous rappelle la beauté de l’être humain qui nous est donné comme un bien précieux à sauvegarder, à protéger et à ne pas laisser à la merci des seules possibilités techniques.
Ce sont maintenant nos élus, les parlementaires, qui vont avoir à travailler et ultimement à voter cette loi. Nous nous souvenons qu’un des dimanches du mois de septembre l’apôtre Paul nous invitait à prier pour : « les chefs d’état et tous ceux qui exercent une autorité ». Cette prière s’impose dans les temps que nous vivons et je vous invite à la porter avec persévérance. Dans ces circonstances, ne sous-estimons pas la force de la prière et aussi du jeûne.
Chaque chrétien doit s’engager et les moyens pour le faire sont multiples : formation, prière, jeûne. Certains chrétiens estiment que dans le cadre de ce débat démocratique le moyen de la manifestation est nécessaire. D’autres écriront à leur député ou à leur sénateur qui ont la responsabilité de voter la loi. Manifester fait partie des droits reconnus à tout citoyen, il peut ici légitimement être revendiqué. La question n’est pas : « Vais-je manifester ou non ? ». La question est de savoir comment nous nous mobilisons pour que le monde que nous construisons soit un monde humain où la technique et l’argent ne règnent pas en maîtres absolus.
Chacun saura choisir le moyen qu’il juge le plus adapté pour ne pas être extérieur à ce débat crucial.
Demandons la grâce de savoir être dans les évolutions complexes et douloureuses de notre temps, les témoins de Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.
Mgr Habert,
Évêque de Séez.
[i] Éditions Bayard-Le Cerf-Mame – 9€