Les événements récents dont la presse s’est faite largement l’écho a légitimement troublé l’ensemble des catholiques. Et sans doute que pour les chrétiens de Normandie, le choc est plus grand qu’ailleurs. Nous-mêmes, les évêques, déjà accablés par l’affaire Santier, avons été abasourdis à la lecture d’une lettre du Cardinal Ricard en apprenant qu’il avait agressé une jeune fille de 14 ans.

Nos pensées vont d’abord et avant tout aux victimes. N’oublions pas que le ressenti de l’agression par les victimes n’est pas toujours lié à leur âge ou proportionné aux degrés de gravité telle que la justice a pu les établir. J’assure les victimes de ma compassion et leur redis que la porte des évêques est toujours ouverte pour les accueillir.

Ensuite, il faut regarder les deux situations sans faire des amalgames. Pour ce qui s’est passé en Normandie et à Créteil, il a fallu de nombreuses heures de travail pour comprendre le déroulement des événements. On s’aperçoit que, comme pour un crash d’avion, la catastrophe qui nous touche est due à de nombreux dysfonctionnements qui ont porté sur la communication des informations. Si l’on n’évitera que difficilement que d’autres crimes se produisent dans le clergé, il est certain que nous pouvons encore nous améliorer sur la gestion et la communication des informations. En particulier si l’on considère que le Peuple de Dieu est suffisamment adulte dans sa foi pour absorber les chocs liés aux comportements cachés de quelques-uns d’entre nous.

En ce qui concerne les actes commis par le Cardinal Ricard, la communication est plus claire.

Dans les deux situations la justice de notre pays a été saisie car l’expérience nous a appris que nous ne pouvions faire confiance a priori aux agresseurs pour tout savoir des drames dont ils sont responsables. Et ce n’est pas l’Eglise qui peut faire ce genre d’enquête.

Depuis l’année dernière avec le rapport de la CIASE, nous avons beaucoup progressé. Mais ce n’est pas suffisant. C’est pourquoi, nous avons créé « un comité de suivi » des délits commis spécialement par les évêques qui sera animé par d’autres personnes que les évêques eux-mêmes.

La Newsletter du diocèse apportera un certain nombre d’informations qu’un communiqué ne peut contenir. Je veux croire avec vous, frères et sœurs, que les miséricordes du Seigneur ne sont pas épuisées. C’est en Dieu seul que nous avons mis notre foi.

+ Bruno Feillet Evêque de Séez