Les Bienheureux Martyrs de Rochefort - Jean Bourdon, Gervais-Protais Brunel, Louis-François Lebrun et leurs compagnons, prêtres et martyrs que nous fêtons dans notre diocèse :
Suite aux décrets de 1793 contre les prêtres réfractaires, 2412 prêtres sont conduits dans les ports de l’ouest de la France, dont 829 à Rochefort, pour être déportés en Guyane.
Trois d’entre eux ont un lien avec le diocèse de Séez :
- Jean Bourdon, frère mineur capucin près de Rouen, était né à Sées.
- Gervais-Protais Brunel était prieur de la Trappe.
- Louis François Lebrun était moine bénédictin à l’abbaye St Martin de Sées.
Tous les trois déportés sur le navire « les Deux-Associés, morts entre le 20 et le 23 août 1794.
Le propre de Séez nous invite à méditer ce texte magnifique :
Résolution rédigée par les prêtres détenus sur le navire « les Deux-Associés »
Ils ne se livreront point à des inquiétudes inutiles sur leur délivrance, mais ils s’efforceront de mettre à profit le temps de leur détention, en méditant sur les années passées, en formant des résolutions pour l’avenir, afin de trouver, dans la captivité de leur corps la liberté de leur âme.
Si Dieu permet qu’ils recouvrent en tout ou en partie, cette liberté après laquelle soupire la nature, ils éviteront de se livrer à une joie immodérée lorsqu’ils en apprendront la nouvelle. En conservant une âme tranquille, ils montreront qu’ils ont supporté sans murmure la croix qui leur avait été imposée et qu’ils se disposaient à la supporter plus longtemps encore avec courage et en vrais chrétiens qui ne se laissent pas abattre par l’adversité. S’il était question de leur rendre leurs effets, ils ne montreront aucune avidité à les réclamer, mais ils feront avec modestie et dans l’exacte vérité la déclaration qui pourrait leur être demandée ; ils recevront sans se plaindre ce qui leur sera donné, accoutumés, comme ils doivent l’être, à mépriser les biens de la terre et à se contenter de peu, à l’exemple des apôtres.
Ils ne satisferont point les curieux qu’ils pourraient rencontrer sur leur route ; ils ne répondront point aux vaines questions qu’ils leur feraient sur leur état passé ; ils leur laisseront entrevoir qu’ils ont supporté leurs peines avec patience, sans les leur raconter en détail et sans montrer aucun ressentiment contre ceux qui en auront été les auteurs et les instruments. Ils se condamneront au silence le plus sévère et le plus absolu sur les défauts de leurs frères et les faiblesses dans lesquelles auraient pu les entrainer leur fâcheuse position, le mauvais état de leur santé et la longueur de leur peine ; ils conserveront la même charité à l’égard de tous ceux dont l’opinion religieuse serait différente de la leur ; ils éviteront tout sentiment d’aigreur ou d’animosité, se contentant de les plaindre intérieurement et s’efforçant de les ramener à la voie de la vérité par leur douceur et leur modération. Ils ne montreront aucun regret de la perte de leurs biens, aucun empressement à les recouvrer, aucun ressentiment contre ceux qui les possèdent. Ils ne feront ensemble, dès à présent, qu’un cœur et qu’une âme, sans acception de personne et sans montrer d’éloignement pour aucun de leurs frères, sous quelque prétexte que ce soit. Ils ne se mêleront point de nouvelles politiques, se contentant de prier pour le bonheur de leur patri et de se préparer eux-mêmes à une vie nouvelle, si Dieu permet qu’ils se retrouvent dans leur foyers et à y devenir un sujet d’édification et des modèles de vertu pour les peuples, par leur éloignement du monde, leur application à la prière et leur amour pour le recueillement et la piété.